
24 Juin À Nouméa comme à Wallis, l’Atir se positionne sur le tri des DASRI
Dans le Pacifique sud français, l’Atir est l’un des principaux opérateurs de dialyse. De Nouméa à Wallis, ses soignants manipulent donc quotidiennement des déchets issus des soins qu’ils prodiguent. Certains sont assimilés aux ordures ménagères (les Daom), d’autres classés à risque infectieux (Dasri). Tous exigent de la vigilance. Le service Qualité de l’association en est garant : pour motiver les équipes, il a lancé une opération de tri des déchets, en mars. C’est l’unité d’hémodialyse de proximité (UHP) de Wallis qui a remporté la palme. Félicitations !
Pourquoi faut-il prendre au sérieux le tri des déchets d’activités de soin à risque infectieux, les Dasri ? Parce qu’ils sont l’une des causes des accidents du travail, dont ceux liés à l’exposition au sang, et des infections nosocomiales. À l’Atir, les soignants prennent donc les précautions nécessaires pour les éviter : le tri des déchets en est une. Le service Qualité a voulu y sensibiliser les unités de dialyse, en les invitant à participer à des Dasri Days, les 5 et 12 mars.
De quoi s’agissait-il ? « De trier les déchets des unités, de les peser et les inspecter, pour prendre le temps de réfléchir à cette question importante dans la sécurité de nos soins », relate Eloïse Beaussoleil, responsable Qualité de l’Atir.
L’Atir en veille face à l’évolution du tri des DASRI en France hexagonale
En France, la définition des DASRI évolue. Mais qu’est-ce qu’un Dasri et comment les traite-t-on en Nouvelle-Calédonie ? « Les Dasri sont les déchets qui présentent un risque infectieux du fait qu’ils peuvent contenir des micro-organismes viables (ou leurs toxines), qui causent une maladie chez l’homme et chez d’autres organismes vivants, résume Eloïse Beaussoleil. En France, ils sont incinérés mais pas en Nouvelle-Calédonie. Or, actuellement, la définition des Dasri évolue à l’échelle nationale. Les autorités sanitaires françaises veulent en limiter le périmètre pour intégrer la dimension écologique, en maintenant la sécurité des soins. »
De fait, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (l’Ademe), l’incinération d’une tonne de Dasri émet 934 kg d’équivalent CO2. Le traitement d’une tonne de déchets ménagers en émet près de trois fois moins – environ 360 kg. Et les établissements de santé représentent 8 % de l’empreinte carbone nationale. Aussi, mi-2023, le Haut conseil à la santé publique français (HCSP) leur a-t-il recommandé de repenser leurs pratiques de tri des déchets. L’activité de dialyse est particulièrement concernée : en 2023, 11 631 séances de dialyse en secteur chronique ont généré 32,2 tonnes de Dasri.
L’absence de position calédonienne sur le sort des DASRI
On peut retenir des recommandations de l’HCSP que seuls les déchets provenant de patients atteints de bactériémie ou d’infection virale hématogène sont à traiter en Dasri. La Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation (SFNDT) soutient cette démarche. En 2023, elle a publié un Guide des bonnes pratiques de la dialyse verte. Le document incite à réduire les émissions de gaz à effet de serre et les coûts de traitement des déchets de dialyse en réorientant le tri des circuits extra-corporels des Dasri vers les déchets assimilés aux ordures ménagères (Daom). « Cette position allège, de surcroit, la charge de travail des soignants », conclut Eloïse.
En Nouvelle-Calédonie, la règlementation n’a pas encore changé. Les déchetteries locales, qui enfouissent les ordures, n’acceptent pas les déchets de soins. Néanmoins, l’Atir, soucieuse de diminuer son impact environnemental, s’est positionnée. Elle applique le principe suivant : si les déchets sont infectés, s’il y a un risque d’écoulement, ils sont placés en Dasri dans les bacs jaunes. Sinon, en Daom. Avec une réserve : les déchets qui piquent, même sécurisés, sont toujours des Dasri.
Les 5 et 12 mars, application sur le terrain
C’est dans ce contexte que le service Qualité a organisé les Dasri Days. Les 5 et 12 mars, les équipes soignantes des unités de dialyse participantes – toutes sauf celles des Iles – devaient appliquer les consignes de tri et vidanger les lignes des générateurs de dialyse au maximum. Elles ont séparé Dasri et Daom puis les ont pesés. En moyenne, elles ont collecté 1,045 kg de déchets par séance d’hémodiafiltration (HDF) le 5 mars et 1,152 kg le 12 mars. L’enjeu était de se contraindre à ne plus mettre les emballages, surblouses, masques, gants, seringues de sérum physiologique, compresses, dans les Dasri, mais dans les Daom.
C’est l’UHP de l’Atir de Wallis qui a le plus réduit son volume de Dasri, félicitations !
L’Atir chemine et assume son éco-responsabilité. L’optimisation du tri des déchets s’ajoute ainsi à ses autres efforts : recours aux banaliseurs de Dasri aux Iles Loyauté, généralisation du matériel réutilisable, amorçage on line dans ses unités… Et cela, malgré le retard de la Nouvelle-Calédonie en matière de réduction de la pollution anthropique.