La téléconsultation, une pratique désormais ordinaire à l’Atir

La téléconsultation, une pratique désormais ordinaire à l’Atir

C’est à partir de 2010 que l’Atir a décidé d’introduire la téléconsultation dans sa pratique médicale. Peu utilisée jusqu’à la crise sanitaire de 2020, elle a alors permis d’assurer la continuité de notre activité. La direction de l’association veut en généraliser l’usage et équipe, à cette fin, toutes ses unités de dialyse.

L’Atir investit dans du matériel de téléconsultation : ordinateurs à caméra intégrée, casques… Elle en munit progressivement toutes ses unités situées hors de la capitale de la Nouvelle-Calédonie, Nouméa. Pourquoi ce choix ? Dans le but d’assurer des consultations médicales mensuelles aux patients insuffisants rénaux suivis, où qu’ils résident, malgré la pénurie de médecins que le pays subit. Une pénurie que les émeutes de mi-2024 ont rendue critique.

La téléconsultation n’est pas une pratique nouvelle pour l’association calédonienne spécialiste du traitement de l’insuffisance rénale chronique. Introduite en mars 2010 pour faire face à l’éclatement géographique de ses centres de dialyse, son usage restait pourtant limité. Jusqu’au confinement en 2020 ; la crise politique de mi-2024 a terminé de la remettre au goût du jour.

Membres du personnel médical de l’Atir, Nouvelle-Calédonie.

Membres du personnel médical de l’Atir avec le Dr Lafarge.

Des avantages avérés pour les patients

Pour bénéficier de la consultation à distance, en toute confidentialité, les patients doivent y consentir par écrit. Dès lors, pour eux, ses avantages sont tangibles. « Moins d’attente, un meilleur suivi médical, on évite des transferts longs, fatigants et coûteux vers Nouméa…, relève le Dr Lyliane Lafarge, néphrologue. Le patient peut parler de ce qui se passe dans sa vie, sa santé, etc. »

Le Dr Lafarge pratique la téléconsultation de longue date. « À Tahiti, j’avais une téléconsultation hebdomadaire avec une unité médicalisée de Raiatea. » Elle l’a donc mise en place aisément en juillet avec l’unité d’hémodialyse de proximité UHP que l’Atir exploite à Koumac. « Pendant cinq demi-journées, dont une pour la dialyse péritonéale. Les patients l’acceptent bien, c’est étonnant ! Depuis les émeutes, ils préfèrent un médecin en visio que pas de médecin du tout. Et, là, devant l’écran, le médecin est sur leur table, disponible pour discuter. Ça diminue leur timidité. Parfois, la séance dure longtemps. »

Des soignants moins isolés

La téléconsultation revêt tout autant d’atouts pour les soignants. Ainsi, elle réduit l’isolement des IDE de brousse et des îles et les fait monter en compétences au contact des médecins. « Nous suivons ensemble un protocole strict qui définit le profil des patients éligibles, les responsabilités, comment préparer la téléconsultation, la tenir, surmonter les difficultés techniques…, poursuit le Dr Lafage. Une semaine avant, nous réalisons le bilan médical du patient, pour analyse préalable. » Le temps et l’énergie gagnés sont dédiés au meilleur suivi des patients. « Nous pouvons tranquillement renseigner le DMN, prescrire, tout en parlant au dialysé via la caméra. Et nous suivons sans difficulté les cas critiques. S’il y a complication, on transfère le patient en urgence. »

L’Atir généralise par conséquent la pratique. « C’est inévitable, confirme Lyliane Lafage. Bien sûr, elle ne remplacera pas la richesse des contacts réels. À nous, médecins, de réfléchir à une organisation qui préserve ces contacts, par exemple, une fois par trimestre. »