Enfin du sport en salle de dialyse !

L'Atir propose du sport, de l'activité physique aux patients en salle de dialyse

Enfin du sport en salle de dialyse !

C’est une bonne nouvelle : depuis fin 2022, l’Atir invite ses patients à pratiquer un sport régulièrement. Elle y a introduit des vélos en salle de dialyse, à Dumbéa sur Mer. Une initiative innovante en Nouvelle-Calédonie. En effet, si les bienfaits de l’activité physique sur la santé sont scientifiquement démontrés, institutions et établissements de soins ne l’associent guère aux traitements médicaux. Les équipes de l’Atir sont prêtes à porter cet élan.

« On n’a pas besoin de justifier l’intérêt du sport en dialyse », s’exclame le docteur Odette Carceles, responsable du programme d’éducation thérapeutique des patients (ETP) à l’Atir. « En effet, ses bienfaits sont multiples et démontrés depuis longtemps. Il n’y a pas non plus besoin de références médicales pour inviter les dialysés à pratiquer une activité physique régulière. »

L’Atir a donc décidé, mi-2022, de mettre un vélo à disposition de ses patients, à Dumbéa sur Mer. Adapté à leurs capacités physiques, il leur permet de pédaler assis dans leur lit ou même allongés, pendant la séance de dialyse. « Douze patients profitaient de l’opportunité en novembre 2022 et quatorze mi-mars », indique Cécile Caillaba, l’IDE en charge de l’ETP, qui fait concrètement prospérer ce projet. « En mars, nous avons installé un vélo dans notre unité de proximité de Poindimié et un deuxième à Dumbéa sur Mer, pour couvrir nos trois salles de dialyse. »

Un plan d’action pour promouvoir le sport-santé

 

Cécile Caillaba, infirmière de l'Atir référente pour l'éducation thérapeutique des patients, porte le projet "sport en dialyse" avec introduction de vélos dans les salles de dialyse.

Cécile Caillaba, infirmière de l’Atir référente pour l’éducation thérapeutique des patients, porte le projet « sport en dialyse » et se réjouit de l’introduction des premiers vélos dans les unités.

Cécile a lancé le projet en juillet, avec un plan d’action. « J’ai réalisé une étude dans les salles de dialyse, poursuit-elle, pour évaluer la sédentarité des patients volontaires et leur motivation. Avec l’aval des médecins, nous avons débuté l’entraînement le 9 août. Fin novembre, les patients restaient volontaires et exprimaient déjà clairement leur souhait de continuer. Certains étaient plus souriants et détendus ; d’autres nous disaient avoir perdu du ventre, avoir moins mal au dos… L’expérimentation nous a convaincus de proposer plus largement du sport en salle de dialyse. »

 

C’est ce que fait Cécile lorsqu’elle reçoit les nouveaux patients en entretien d’éducation thérapeutique. « Je leur présente le sport en dialyse comme un moment ludique, léger, car la dialyse, c’est tout sauf fun ! Nous identifions leurs objectifs de santé – par exemple, maigrir en vue d’accéder à la greffe rénale, se débarrasser de douleurs articulaires, améliorer leur estime de soi, augmenter leur masse musculaire… Mais je n’insiste pas trop pour ne pas les culpabiliser. Ce sont des adultes responsables de leur choix. »

 

Pédaler contre la sédentarité

 

A Dumbéa sur Mer, les patients pédalent une à deux fois par semaine, en fonction de leur état. « Je les aide à s’installer, les infirmiers en salle également, s’ils sont disponibles. Nous n’avons pas encore trouvé le rythme idéal, mais rien ne se fait du jour au lendemain. » Cécile propose aussi de l’exercice physique dans les ateliers d’ETP. « Nous terminons l’atelier par quinze à vingt minutes de gym adaptée. Ce ne sont pas toujours les patients les plus jeunes qui sont les plus toniques ! », sourit-elle.

 

Médecins, infirmiers et agents, un beau projet pour vous aussi !

Le docteur Odette Carceles, néphrologue de l'Atir, encourage les patients à pratiquer de l'activité physique, comme partie de leur traitement.

Le docteur Odette Carceles, néphrologue de l’Atir, encourage les patients à pratiquer de l’activité physique, comme partie de leur traitement.

« Avec les contraintes de la dialyse, les patients se déshabituent de l’effort et perdent en mobilité, alarme le docteur Carceles. Leur sédentarité est beaucoup plus élevée que dans la population générale. C’est un gros handicap dans la vie quotidienne, associé, de surcroit, à une surmortalité. Or, de nombreuses études corrèlent l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être des dialysés avec la reprise d’une activité physique. A l’Atir, nous devons agir ! »

 

La direction de l’association l’a compris. D’autant plus que la Haute autorité de santé (HAS) préconise de prendre en charge globalement le patient malade chronique. « Les aider à pratiquer une activité physique répond tout à fait à ses recommandations », souligne Odette Carceles. L’Atir suit donc l’orientation de plusieurs centres de dialyse métropolitains qui organisent le pédalage en salle.

 

L’enjeu majeur est d’obtenir l’implication de tous les soignants. « Pour rendre la pratique du vélo naturelle dans une salle de dialyse, nous avons besoin de toutes nos équipes, médecins, infirmiers, agents de service, résume Odette Carceles. Nous devons la proposer aux patients, les coacher et les encourager. » A cet égard, les médecins de l’Atir adhèrent au projet. Le docteur Thibault Florin a récemment animé une soirée de formation des infirmiers sur le thème du sport en dialyse.

 

De son côté, Cécile, très investie, consacre deux jours par semaine à faire essayer le vélo aux patients et à ses collègues de Dumbéa sur Mer. « Je leur explique le déroulement d’une séance, comment tracer l’activité dans le dossier médical du patient. Les soignants aussi peuvent pédaler, assis à côté d’un patient ou pendant le vide sanitaire. Ça permet de créer du lien, de la cohésion dans l’équipe. J’espère que tous apprécieront le challenge et le jeu que le sport véhicule. D’ailleurs j’affiche tous les mois les distances parcourues en vélo. Grâce à ce projet, nous pouvons renforcer l’adhésion thérapeutique des patients. L’ambiance de l’unité peut s’en métamorphoser. »

 

Un élan qui doit aller crescendo

 

Le sport-santé fait ses débuts à l’Atir. « Nous espérons monter en charge, avec plus de vélos adaptés, et des programmes personnalisés pour chaque nouveau dialysé », annonce Odette Carceles. Cécile renchérit : « Deux autres unités seront équipées en vélos cette année. Nous préparons les programmes avec les éducateurs d’activité physique adaptée (APA) du Centre de soin de suite et de rééducation de Dumbéa sur Mer (CSSR). Et j’aimerais organiser une compétition entre patients… tout est plus facile quand on s’amuse ! »

Les deux soignantes savent le travail qui les attend. L’Atir doit renforcer les moyens humains alloués à l’ETP et équiper chacune de ses unités en vélos. Les patients ne se laisseront pas tous persuader… « Certains ne voudront jamais, d’autres n’ont pas la capacité de pratiquer une activité physique… », souligne Cécile. Pourtant, d’une question, le docteur Carceles balaie les obstacles : « Quelle est l’importance que nous voulons donner à cette prise en charge ? ».