13 Mar Les pro de la dialyse gagnent-ils à participer aux JMC ?
Les pro de la dialyse gagnent-ils à participer aux JMC ? Oui, répondent les collaboratrices de l’Atir qui se sont rendues aux Journées médicales calédoniennes (JMC), fin 2023. Cet événement, l’association pour la formation et la recherche médicale au CHT (AFRM) l’organise tous les deux ans. Une opportunité, pour les professionnels de santé, d’actualiser leurs connaissances sur des sujets variés, de l’antibiorésistance aux pieds diabétiques.
Que vise l’AFRM en proposant, tous les deux ans, les Journées médicales calédoniennes (JMC) ? Contribuer à la formation médicale continue et pluridisciplinaire des acteurs de santé locaux. Ainsi, pendant deux jours, orateurs et public partagent l’actualité scientifique, médicale et paramédicale, en la rapportant aux spécificités calédoniennes. Les professionnels de santé des secteurs privé et public s’y croisent et y trouvent des réponses à certaines de leurs préoccupations. Neuf collaboratrices de l’Atir en ont tiré profit avec son soutien, en y participant les 30 novembre et 1er décembre.
L’insuffisance rénale s’invite aux JMC
La cinquième édition des JMC se tenait à l’Université de Nouvelle-Calédonie, sous la supervision des docteurs Marie-Amélie Goujart et Mathieu Serie, du CHT. Et le monde de la dialyse était bien concerné ! En effet, parmi les conférences phares, on notait celle du Réseau de l’insuffisance rénale en Nouvelle-Calédonie (Résir). Elle s’intitulait Les 10 ans de la greffe rénale en Nouvelle-Calédonie. Egalement, des ateliers sur le sujet des pieds diabétiques, c’est-à-dire la prise en charge des plaies dont les insuffisants rénaux souffrent aux extrémités de leurs membres, pour leur éviter l’amputation.
Les collaboratrices de l’Atir avaient choisi, dans un programme dense, les exposés et ateliers suivants.
Que retirer des JMC 2023 ?
« J’ai assisté aux sessions sur la fin de vie, indique Noémie Baroux, notre épidémiologiste. J’ai compris les voies qui s’ouvrent au patient en situation extrême. La première, c’est la souffrance pour survivre ; la deuxième, le décès, et il y en a une troisième, les soins palliatifs. Ils consistent à soulager le patient, qui vivra peut-être moins longtemps mais avec une meilleure qualité de vie. »
Laure Daroux, infirmière référente pour l’éducation thérapeutique des patients, ajoute : « J’ai apprécié le bilan sur la greffe, avec les derniers chiffres et la description de la coopération entre les structures du territoire. J’ai retenu également quelques infos pratiques pour mieux comprendre la vision traditionnelle kanake de la maladie et le raisonnement de certains patients. » Quant à Marlène Curot, infirmière hygiéniste, elle est revenue mieux informée « sur les outils de formation (escape game…), les nouveautés sur le suivi du statut infectieux des patients au CHT. J’ai aussi découvert le diplôme en ethnomédecine de l’Université de Nouvelle-Calédonie. »
Plus de connaissances, d’idées et de coopération
Selon nos collaboratrices l’Atir pourrait :
-contribuer à dynamiser la coopération des professionnels en Calédonie. Ce d’autant plus que les patients en maladie rénale chronique sont à la croisée de comorbidités (diabète, plaie, infection, coronaropathie, etc.). Ils impliquent donc plusieurs spécialités médicales ;
-participer à la filière plaie-cicatrisation, bénéfique aux patients ;
-utiliser les escape games pour former de manière ludique en renforçant la cohésion l’équipe ;
-prendre contact avec le réseau de soins palliatifs du CHT pour travailler avec lui ;
-se servir de nudges (voir notre encadré) comme outils de sensibilisation ;
-former ses soignants à l’usage des traitements traditionnels kanaks, pour faciliter les échanges avec les patients niant la maladie rénale chronique et ses traitements ;
– intervenir lors des prochaines JMC, pour témoigner du travail fourni en faveur des insuffisants rénaux, via un stand ou des ateliers.
Nos soignantes confirment surtout l’intérêt de telles rencontres. « En échangeant entre professionnels, on se tient informés des outils innovants susceptibles d’améliorer ses pratiques », observent-elles. De surcroit, les JMC invitent leur audience à réfléchir à une médecine de progrès, tournée vers l’avenir.
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Des nudges à l’Atir ?
L’intervention de Nathalie Doussy, directrice adjointe de la Cafat, aux JMC, n’a pas laissé le public indifférent. Elle nous a parlé des nudges – littéralement, en français, « coups de pouce ». L’anglicisme désigne un outil conçu sous la forme d’une incitation discrète à modifier nos habitudes. Pensez, par exemple, au message « Fumer tue » des paquets de cigarettes ; à l’étiquetage alimentaire qui identifie les produits moins gras et sucrés.
Bienveillants et responsabilisants
Les nudges sont fondés sur ce que l’on sait de la psychologie humaine. Ils constituent donc un procédé bienveillant et responsabilisant. Disposés dans notre environnement pour nous suggérer les bons choix, dans notre intérêt et celui de la société, ils ne requièrent que peu d’attention de notre part. De ce fait, les pouvoirs publics y trouvent un moyen commode pour faire évoluer nos comportements. Reste à savoir quelle est leur efficacité à long terme, et, souligne l’Inserm, s’ils posent des questions éthiques. Quoi qu’il en soit, l’Atir pourrait utiliser des nudges pour amener salariés et patients à privilégier les escaliers, à respecter l’hygiène des mains, pour la pesée des dialysés, et bien plus encore ?
L’Atir et le Résir pour parler du don d’organes
Les Journées médicales calédoniennes ont donné l’occasion au Résir de sensibiliser les participants à la greffe rénale et aux dons d’organe. Ses coordinatrices – l’épidémiologiste de l’Atir, Noémie Baroux, et son IDE, Gratianne Iliou – se sont relayées sur un stand, aidées de Josélita Castel. De plus, avec l’équipe de néphrologie du CHT (l’IDE Véronique Biche et le docteur Nicolas Quirin), Noémie a animé un atelier sur les outils de communication dédiés au don d’organes. Avec le docteur Jean-Michel Tivollier, administrateur de l’Atir et gérant de l’U2nc, elle a aussi présenté, en séance plénière, le bilan Les 10 ans du registre de l’insuffisance rénale chronique terminale traitée en Nouvelle-Calédonie. « Les professionnels hors néphrologie ne sont pas assez informés sur le don d’organe et le programme de transplantation calédonien, conclut-elle. Il y a du boulot ! »