Dialyse longue de nuit : l’Atir renforce son activité en Nouvelle-Calédonie

Dialyse longue de nuit : l’Atir renforce son activité en Nouvelle-Calédonie

En 2016, l’Atir a introduit l’hémodialyse longue de nuit dans son unité médicalisée de Dumbéa sur Mer. Les patients en tirent de grands bienfaits. En effet, leur qualité de vie et leur bilan de santé s’en sont améliorés, conformément aux conclusions de la recherche médicale. Les médecins de l’association militent donc pour étendre cette offre de soins. L’Atir a besoin d’infirmiers pour ce beau projet.

« Nous proposons l’hémodialyse longue nocturne dans la salle Nautile de notre unité médicalisée de Dumbéa sur Mer les lundis, mercredis et vendredis, expose Nicolas Darsaut, directeur général de l’Atir. Aujourd’hui cette série hebdomadaire traite dix patients. Comme plusieurs autres attendent d’y accéder, nous voulons ouvrir une deuxième série les dimanches, mardis et jeudis. »

 

Les freins tombent

 

L’hémodialyse longue nocturne a émergé à la fin des années quatre-vingt-dix en France mais elle est encore peu répandue. Plusieurs freins l’expliquent. D’abord, l’un des facteurs clés de sa réussite est la bonne qualité de sommeil du patient. Il faut donc lui garantir une prise en charge confortable qui l’encourage à dormir hors de chez lui. Il faut ensuite trouver des infirmiers qui ont un intérêt à travailler la nuit. Et le coût du travail nocturne est plus élevé que celui du travail diurne. « Toutefois, ces freins tombent devant les bienfaits que la technique procure aux patients, d’un point de vue médical et sociétal, objecte Nicolas Darsaut. Nous sommes heureux de déployer cette offre de soins innovante depuis 2016. »

 

Progrès médical documenté

 

Le docteur Raphaël Cohen, néphrologue de l'Atir, qui soutient l'extension du nombre de séances d'hémodialyse longue nocturne.

Le docteur Raphaël Cohen, néphrologue de l’Atir, soutient l’extension du nombre de séances d’hémodialyse longue nocturne, tant ce traitement est bénéfique aux patients, d’un point de vue médical et sociétal.

Sur quoi repose l’engouement que direction, patients et médecins partagent ? « L’hémodialyse longue de nuit est un progrès remarquable dans la prise en charge des insuffisants rénaux chroniques, souligne le docteur Raphaël Cohen, néphrologue de l’Atir. A Dumbéa sur Mer, nous la proposons le plus souvent aux patients jeunes, à la morphologie imposante. Les séances durent huit heures, entre 20h et 4h du matin, contre trois à quatre heures en journée pour l’hémodialyse conventionnelle. Ce temps long est très bénéfique aux patients. D’abord, il permet une meilleure épuration du sang en le débarrassant des moyennes et grosses molécules (phosphates, ß2-microglobuline, etc.). Deuxième constat, nous contrôlons mieux leur équilibre tensionnel, leur volémie et leur anémie. La dialyse longue de nuit limite aussi leur déshydratation et l’hypertrophie cardiaque associée à la maladie rénale chronique, qui altèrent le fonctionnement du cœur. Nous notons donc moins de sidérations myocardiques post-dialyse et un meilleur remodelage cardiaque. Pendant les séances et en dehors, leur pression artérielle se régule, nous relevons moins de crampes et prescrivons moins de médicaments antihypertenseurs. Et leur taux d’hémoglobine moyen s’élève malgré des doses d’érythropoïétine inférieures. »

 

Un meilleur équilibre nutritionnel

 

Bénéfique, la dialyse longue de nuit l’est aussi pour le métabolisme : elle favorise l’équilibre minéral et nutritionnel des patients. « Leur bilan métabolique s’améliore, poursuit le docteur Cohen, d’où un moindre recours aux chélateurs du potassium, du phosphore, à la supplémentation calcique. Comme la dialyse longue élimine bien les toxines urémiques qui engendrent une inappétence pour les protéines, surtout animales, les patients acceptent mieux les aliments qui en contiennent. Ils souffrent donc moins de dénutrition protéique. En parallèle, on peut craindre une carence en petites molécules que la dialyse longue diffuse plus, comme la vitamine C, les acides aminés branchés. Mais on jugule cet inconvénient en réduisant le débit de dialysat. »

La recherche médicale valide ces résultats encourageants. En comparant des populations de patients en dialyse longue nocturne et en séances courtes d’hémodialyse conventionnelle, elle a caractérisé une amélioration d’environ 30 % du taux de survie de ceux en dialyse longue à un, deux et cinq ans (source). De surcroît, leur fréquence d’hospitalisation diminue.

 

Sursaut de vitalité et qualité de vie

 

Séance de dialyse longue de nuit dans l'unité médicalisée de l'Atir à Dumbéa sur Mer

Depuis plus de six ans, l’Atir propose l’hémodialyse longue nocturne dans son unité médicalisée de Dumbéa sur Mer. Une dizaine de patients la plébiscitent.

 Ce bilan médical annonce l’atout inestimable de la dialyse longue nocturne : les patients gagnent en qualité de vie. « Nous observons chez les patients un sursaut de vitalité, avec moins d’apnée et d’hypopnée du sommeil, se réjouit Raphaël Cohen. Leur espérance de vie se prolonge. La plupart témoignent qu’ils ne sont pas fatigués et somnolent moins la journée. Des sportifs de haut niveau ont d’ailleurs recours à la dialyse longue de nuit, comme Fabrice Huré, avec lequel nous avons eu le plaisir d’échanger lors de la dernière Journée du rein. »

A cet élan physique s’ajoute la satisfaction de conserver une activité professionnelle de jour. « La dialyse conventionnelle s’accompagne d’un très faible taux de maintien dans l’emploi, de l’ordre de 30 %, commente Nicolas Darsaut. L’hémodialyse longue, elle, permet à plus de 60 % des patients qui ont un métier de l’exercer. Leurs relations intrafamiliales s’améliorent. En étendant la dialyse longue de nuit, nous ferons un geste salutaire pour les patients. »

 

Infirmiers, nous comptons sur vous !

 

De fait, l’Atir veut ouvrir une deuxième série à Dumbéa sur Mer, puis éventuellement dans d’autres unités. Son projet requiert de mobiliser des soignants. « Nous avons besoin d’infirmiers pour faire prospérer ce beau projet, déclare Nicolas Darsaut. Nous invitons les nôtres à rejoindre l’équipe de nuit et sommes intéressés à en recruter. Il y a plusieurs avantages à travailler en dialyse nocturne : rémunération, planning, type de prise en charge des patients… En effet, l’ultrafiltration horaire est plus faible, les patients dorment, donc le risque de chutes de tension diminue. Les soignants sont habituellement moins sollicités qu’en journée entre branchement et débranchement. Nous comptons sur eux, c’est important pour les patients ! »